Toussant légèrement, tu t'arrêtais à mi-chemin, profitant encore de la dernière brise rafraîchissante que te procurait la vieille métropole. Levant tes jolies prunelles aux cieux, tu les plissais, les rayons du soleil trop éblouissant pour toi. D'ailleurs, tout était trop éblouissant pour toi ici. Pourtant, tu continuais d'avancer dans ces lieux torrides, laissant tes empruntes dans ce sable si chaud qui ne tardaient pas à être balayées par quelque foehn. Tu ne te retournais pas. Tu n'avais pas l'attention de faire marche arrière. Le niveau dix atteint, tu te devais de partir de l'avant. C'est donc dans l'espoir d'être l'un des premiers ayant foulé le sol sablé de ce désert que tu sautillais presque, un sourire béa aux lèvres, serrant contre toi la seule arme que tu possédais. 
Au loin, là-bas, à quelques kilomètres à peine, une canicule presque suffocante t'attendait. Si tu idolâtrais l'hiver et ce qu'il procurait, les chaleurs dépassant les trente-cinq degrés t'irritaient énormément. En effet, tu n'aimais pas suer et cela en valait de même pour n'importe quel blizzard d'été. Enfin, pour progresser dans ta requête, il fallait bien passer par là afin d'éradiquer comme il se fallait tes adversaires choisis. Cependant, pour l'instant, trop fatiguée sans doute, tu t'assieds à même le sol, ignorant la cuisante chaleur qui picotait chacun de tes membres frôlant ce sable. Sortant de ton inventaire une pomme de couleur vermillon fraîchement cueillie, tu t'apprêtais à la croquer, sans remords, quand un sirocco digne des plus grands déserts te fit perdre le met des mains. L'oeil larmoyant dû au grain qui s'était coincé au coin de ton iris bleuté, tu essayais vainement de regarder qui avait provoqué cette mini-tornade avant que ton curseur t'informe sur la nature du détenteur du fruit interdit. Racleur farouche, niveau douze, domptable. Alors, tu écarquillais les yeux, offensée que l'on puisse te faire un tel outrage. La nourriture, pour toi, c'était sacrée ! Alors, quand cette... Espèce de blaireau des sables est venu te voler la seule chose comestible de ce lieu d'infamie et immergeant du chaos, c'était plus fort que toi ; tu chialais presque. Tes cris de caprices n'était pas comme celui de ces sottes dans les films d'horreur ; non, non, c'était un cri d'augure, annonçant une futur fureur de ta part. Et ce monstre de niveau douze, ou non, allait recevoir les foudres de ton indignation. Arrivée près de lui, tu lui hurlais presque dessus, agacée d'un tel larcin. 

« Alors là... Je dis non, non et non ! Sale noob de shiotte doublé d'un bullshit avec un cerveau de la taille d'une moelle osseuse, je vais tellement t'égorger et t'éplucher que tu vas me supplier de te manger afin de mettre fin à ton supplice, » l'injuriais-tu, le menaçant avec des mises en gardes à faire blanchir les plus sages des hommes, de part leur stupidité.  

Ainsi, aussi vite dit que fait, une voix t'annonce qu'un combat débute. Le racleur, comprenant sans doute qu'il était le déclencheur de ton ire, semblait te rire au nez, trop habitué de voir un nouveau joueur être dans la même situation que toi, sans doute. Tu regardes alors la bête, ton corps ne défaillant guère, ton unique pensée te permettant d'avoir le courage d'exprimer ton courroux : la faim. Oui, c'est fou ce que tu étais affamée. Eh puis, cela n'allait-il pas te permettre d'avancer dans ta quête, au final ?